« Qu’est-ce que le mouvement végan ? »

Le véganisme est un mode de vie qui exclut l’utilisation de produits animaux, que ce soit pour la nourriture, l’habillement ou les accessoires et qui refuse de manière générale toute forme d’exploitation des animaux. Une personne végane ne consomme donc pas de viande, pas de produits laitiers, pas d’œufs, ne porte pas de fourrure ni de cuir ni de laine et est opposée à des pratiques telles que la chasse, la pêche, les corridas ou l’expérimentation animale.

Tous les êtres vivants ont droit à la vie et au respect
D’un point de vue historique et idéologique, le mode de vie végan concrétise une étape supplémentaire dans la lutte contre toutes les formes de discriminations envers d’autres êtres vivants. Notre société a déjà condamné certaines formes d’injustice comme le racisme et le sexisme. Le mouvement végan va plus loin puisqu’en refusant l’exploitation des animaux, il remet en cause le spécisme qui discrimine des être vivants en raison de leur espèce. Ainsi, au contraire des spécistes qui prétendent que l’être humain est supérieur aux autres espèces leur donnant le droit de les torturer dans des laboratoires de vivisection, de les massacrer dans les abattoirs ou de les emprisonner dans des élevages intensifs, les végans reconnaissent à tous les êtres vivants, qu’ils soient humains et animaux, le droit à la vie et au respect. Si l’aspect éthique prime certainement dans la démarche végane, les motifs d’ordre écologiques sont également très importants : la production végétale étant nettement moins polluante pour l’environnement que la production de viande, de lait ou de poisson d’élevage.

Pourquoi ne pas consommer des produits animaux d’élevages biologiques ?

Le problème de la production de lait...
La démarche végane surprend souvent. Beaucoup de personnes ignorent que la production de lait biologique ne constitue pas un réel progrès pour le bien-être des animaux. Bien souvent elle perpétue les formes d’exploitation en vigueur… Dans l’industrie laitière, biologique ou non, pour qu’une vache produise du lait, il faut qu’elle mette bas un veau, et ceci une fois par année. Une partie des veaux sont tués juste après la naissance afin de prélever la présure avec laquelle sont fabriqués la plupart des fromages. Une autre partie des veaux mâles sont retirés de leur mère à la naissance puis engraissés pour l’industrie de la viande. Les femelles sont utilisées comme vaches laitières. Pire encore, comme il y a dans les pays européens surproduction de veaux, à cause principalement de l’industrie laitière, les animaux « surnuméraires » sont exportés vers le Moyen Orient, dans des conditions atroces, comme nous l’ont révélés des terribles reportages diffusés par les télévisions ces dernières années. Et ces horreurs continuent encore de nos jours. Le lien entre l’industrie du lait (bio ou non bio) et l’industrie de la viande est donc bien réel (voir également notre feuille d’information: « Le lait – un aliment ? »).
...et des œufs
Pour la production d’œufs la situation est similaire que dans l’industrie laitière. Dans l’élevage des poules pondeuses, les poussins mâles sont considérés comme inutiles: ils sont tués, gazés ou broyés peu après leur naissance. De plus la durée de vie de la poule pondeuse est limitée à 18 mois, âge auquel elles sont jugées improductives et envoyées à l’abattoir (voir à ce sujet l’article paru dans le Vegi-Info 2/99). Les végans condamnent pour des raisons éthiques et écologiques l’industrie de la viande, et n’ont pas envie de la soutenir indirectement en achetant des produits laitiers ou des oeufs.

Le mode de vie végan : un pas de plus dans la voie végétarienne
Si le véganisme se différencie du végétarisme, qui dans sa définition large accepte les produits laitiers, les œufs et le cuir, ces deux mouvements ne sont pas à opposer. Au contraire, puisqu’il s’agit d’une même démarche, le véganisme étant une étape de progrès dans la voie du végétarisme. Il est à noter que la plupart des associations végétariennes encouragent de plus en plus le mode de vie végan.

Le mouvement végan est récent
Des végétaliens, il y en a eu de tout temps, mais le mode de vie végan, concept plus global en raison de toute la philosophie qui le sous-tend, est assez récent. Ce mouvement a pris naissance en Angleterre dans les années 1950, par des personnes végétariennes qui constataient avec horreur le début de l’industrialisation de la production de lait et d’œufs pour répondre à la demande toujours croissante de produits animaux. Elles sont arrivées à la conclusion que la meilleure manière de mettre fin à cette exploitation des animaux et à ses conséquences écologiques désastreuses était de boycotter tous les produits issus de ces pratiques, y compris le cuir ou la laine. Ces personnes ont donc inventé un nouveau mot : VEGAN, qui prend racine dans le mot VEGETARIAN. Elles ont fondé la VEGAN Society en Angleterre, association qui coordonne depuis plusieurs années la journée mondiale du véganisme du 1er novembre.

Les pays anglo-saxons pionniers
L’Angleterre étant le berceau du véganisme, il n’est pas étonnant que c’est ce pays qui compte le plus de végans : 250’000 environ. D’autres pays lui ont emboîté le pas : les Etats-Unis d’abord, qui sous l’impulsion d’associations comme PETA ou les Médecins pour une médecine responsable, compte de plus en plus de végans. Dans les pays européens nordiques, en Suède surtout, le véganisme est très populaire parmi les jeunes.

En Suisse aussi
Pour ce qui est de la Suisse, le mouvement végan se développe également, un peu plus lentement il est vrai… Le lobby laitier y est particulièrement puissant, ce qui ne facilite pas les choses ! Mais on compte plusieurs associations qui le soutiennent activement: tout d’abord il y a quelques années l’association pour les droits des animaux de Berne a changé son nom et est devenu VEGANIMAL. Il y a également de plus en plus de végans dans les milieux végétariens, comme c’est le cas dans notre association. En août 1999 le premier magasin vendant des produits entièrement végans a été créé à Berne : Le Vegan Center. Soulignons aussi la popularité croissante parmi les jeunes de la musique hardcore qui encourage un mode de vie végan, respectueux de l’environnement.

Aux problèmes radicaux, le véganisme apporte une solution radicale
Le véganisme ne fait pas de concession. A des problèmes aussi graves que le massacre des animaux et leur exploitation effrénée dans l’industrie de la viande et des produits laitiers, la recherche par l’expérimentation animale, les cirques etc., les végans sont d’avis que seule une réponse radicale doit être apportée: le boycott total de toute activité violente qui utilise les animaux. D’où l’engouement qu’il suscite auprès d’une partie de la jeunesse et de manière générale chez toutes les personnes qui s’investissent dans la promotion du végétarisme et du droit des animaux. Le véganisme, c’est un mouvement à suivre ...

Christina Maier

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